Qu’est-ce que la Rectocolite Hémorragique (RCH) ?
La Rectocolite hémorragique est une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin (MICI), on l’appelle aussi la Rectocolite ulcéreuse. C’est une maladie inflammatoire qui atteint les muqueuses intestinales au niveau du rectum et peut s’étendre, selon la gravité, en partie ou tout le long du colon. On estime que cela concerne environ 80,000 personnes en France. On distingue 3 formes liées à la sévérité et l’étendue de la maladie : la rectite ; la colite gauche ; la pancolite.
- La rectite correspond à l’inflammation localisée autour du rectum, qui provoque des envies irrésistibles d’aller à la selle, des traces de sang dans les selles (rectorragie), épisodes de constipation et incontinence anale.
- La colite gauche ou colite distale correspond à une inflammation de la partie gauche du colon et se caractérise, en plus des symptômes cités plus haut pour la rectite, de douleurs, des diarrhées et une fatigue extrême.
- La pancolite, quant à elle, affecte l’ensemble du colon et provoque en sus de tous les symptômes cités, un amaigrissement général et des poussées de fièvre.
Comme dans la maladie de Crohn, où les inflammations sont généralisées dans l’ensemble du système digestif, les avancées des inflammations provoquées par la RCH progressent généralement par poussées avec des périodes de rémission. Pour la RCH, les inflammations sont localisées sur une zone de l’ensemble digestif : côlon sigmoïde, côlon descendant, rectum.
L’inflammation reste permanente dans certains cas. Le risque majeur de complication pour les personnes souffrantes de RCH (et autres MICI) réside dans le développement du cancer du côlon ou d’une péritonite (perforation du côlon), une opération chirurgicale : la colectomie, autrement dit le retrait du côlon est parfois nécessaire.
Quelles sont les causes du RCH ?
La RCH se déclare en majorité chez des patients jeunes de 30 à 40 ans avec une légère dominance chez les hommes mais elle peut se contracter à tout âge. Les causes de la rectocolite hémorragique ne sont pas totalement établies, mais plusieurs facteurs sont avancés :
Facteurs immunologiques : Un dérèglement dans la flore intestinale serait à l’origine d’une réaction auto-immune anormale contre des bactéries naturellement présentes dans la flore intestinale
Facteurs génétiques : Il existe une prédisposition génétique à la rectocolite hémorragique.
Facteurs environnementaux : Alimentation riche en sucres raffinés, infections bactériennes et fongiques, etc…
Quels sont les traitements classiques pour la RCH ?
Il n’existe pas à ce jour de traitement efficace dans l’hexagone pour guérir de la rectocolite hémorragique et espérer obtenir une rémission totale, les traitements actuels consistent simplement en la réduction de l’inflammation ou de la réaction auto-immune ainsi que de la gestion de la douleur et des troubles digestifs nombreux associés.
Les anti-inflammatoires sont largement prescrits pour la RCH au même titre que toutes les autres MICI soit pendant les périodes de poussées, soit de manière continue pour les personnes avec des formes chroniques récidivantes lourdes. Les anti-inflammatoires visent précisément les muqueuses des parois du tube digestif. Ils sont souvent prescrits sous forme de suppositoire dans les MICI.
L’utilisation d’anti-inflammatoires stéroïdiens à base de corticoïdes est elle aussi très souvent utilisée dans les formes sévères, via perfusion dans les cas les plus graves, mais une utilisation continue d’anti-inflammatoires corticoïdes ne peut se faire sur le long terme car la cortisone provoque des effets secondaires lourds et induit des risques de complications importants (diabète, ostéoporose, prise de poids, baisse des défenses immunitaires, cortico-dépendance).
Pour les formes de rectocolite hémorragique qui sont résistantes à la cortisone, des immunosuppresseurs et immunomodulateurs sont prescrits en sus des anti-inflammatoires, ces traitements à base d’azathioprine, 6-mercaptopurine ou anti-TNF visent à calmer la réponse auto-immune de l’organisme et va de ce fait calmer la réaction inflammatoire des muqueuses.
L’utilisation d’immunosuppresseurs requiert une surveillance régulière du système immunitaire du patient car cela l’expose à des risques d’infections. Les formes les plus graves de rectocolite hémorragique sont traitées en hôpital sous surveillance rapprochée.
Aucun régime alimentaire n’a réellement prouvé de manière satisfaisante une diminution de l’inflammation ou une diminution de la fréquence des poussées, même s’il existe des cas particuliers où des régimes alimentaires adaptés ont conduit à une nette amélioration générale. En revanche, en période de poussées, il est recommandé de suivre un régime alimentaire sans fibres pour limiter les diarrhées.
CBD, RCH et sytème endocannabinoïde
Les scientifiques ont découvert l’existence du système endocannabinoïde en 1992 et les études sur le sujet ont été nombreuses avec des résultats très prometteurs.
Le système endocannabinoïde consiste en un ensemble de neurotransmetteurs et neurorécepteurs présents dans le système nerveux chez les mammifères, et joue un rôle essentiel mais encore mal compris dans des processus physiologiques élémentaires tels que le sommeil, l’appétit, le système de la douleur, l’humeur.
Si vous déposez des gouttes d’huile de CBD sous votre langue, une fois absorbées, les deux principaux récepteurs qui vont traiter les messages chimiques des cannabinoïdes présents sont appelés CB1 et CB2. La prise de CBD (phytocannabinoïdes) active ces récepteurs et favorise la production naturelle de cannabinoïdes par le corps (endocannabinoïdes) pouvant eux-aussi activer les récepteurs CB2.
D’après cette étude, ces récepteurs CB2 sont présents dans tout l’appareil digestif et leur activation va déclencher une action régulatrice sur le système inflammatoire et immunitaire.
CBD et rectocolite hémorragique (RCH), comment ça marche exactement ?
De nombreuses études scientifiques sur le CBD (Cannabidiol) et le système endocannabinoïde, démontrent des propriétés anti-inflammatoires et un rôle de régulateur du système immunitaire à travers l’activation des récepteurs CB2
Dans cette étude, on démontre l’action anti-inflammatoire du CBD grâce à un processus d’inhibition de la production du facteur de nécrose tumorale, la cytokine, impliquée dans l’inflammation. En clair, la prise de CBD entraîne l’activation des récepteurs endocannabinoïdes CB2 qui vont ralentir la libération de cytokines par le système immunitaire, permettant ainsi de réduire l’inflammation.
Cette autre étude de 2011, tend à démontrer en laboratoire l’effet du CBD comme modulateur de l’axe neuro-immunitaire de l’intestin. Précisément, la prise de CBD module aussi bien la réaction inflammatoire de manière classique mais aussi et surtout module et régule l’activation des cellules gliales du tissu nerveux. Ces sont les cellules gliales qui protègent naturellement la muqueuse intestinale et agissent comme des cellules immunitaires.
Le CBD réduirait donc l’inflammation dans les MICI en modulant l’activation des cellules gliales ce qui conduit à traiter plus efficacement la cause de l‘inflammation. C’est une piste thérapeutique encourageante mais cela n’est pas suffisant pour en tirer des conclusions ou raccourcis, des essais cliniques sur de larges panels d’individus souffrant de RCH doivent être réalisés.
L’oxydation est également impliquée dans les MICI. Il s’agit d’une source supplémentaire d’inflammation car elle produit des radicaux libres qui endommagent les cellules.
D’après plusieurs études dont celle-ci menée en 2010 par des chercheurs anglais, le CBD est un antioxydant qui élimine les radicaux libres, prévient l’inflammation et protège les tissus du tractus gastro-intestinal de tout dommage supplémentaire.
D’une manière plus générale, le CBD peut être utile pour les personnes souffrantes de rectocolite hémorragique ou d’autres MICI dans la gestion de la douleur.
Dans le cas de la RCH, l’inflammation en est la principale cause et elle entraîne un inconfort général pour la personne voire une incapacité partielle ou totale. Des douleurs ou inconforts passagers peuvent aussi être causés par certains effets secondaires des médicaments.
Le CBD, théoriquement, en apportant une action anti-inflammatoire devrait permettre de réduire la douleur liée à l’inflammation. Même si c’est le THC (Tétrahydronocannabinol), la substance psychoactive et stupéfiante du cannabis, qui est généralement associée à la lutte contre la douleur, le CBD en soulageant l’inflammation joue de facto un rôle majeur.
Enfin, d’après cette autre étude, le CBD agit également de manière indirecte sur le système de la douleur en augmentant les niveaux de glutamate et de sérotonine, neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de la douleur au niveau des synapses dans le système nerveux. En clair, la prise de CBD va aussi agir sur la réponse du cerveau aux signaux de la douleur.
CBD et THC, la meilleure combinaison pour un RCH ?
Le tétrahydrocannabinol (THC) possède des propriétés communes au CBD, mais les mécanismes impliqués sont légèrement différents. Le THC active les récepteurs endocannabinoïdes CB1 qui influencent la perception de la douleur et agissent sur des aspects mentaux tels que le stress, l’anxiété, l’humeur et le comportement.
Lorsque les récepteurs CB1 sont activés par le THC, ils peuvent avoir des effets psychoactifs. Le CBD au contraire, réduit la psychoactivité du THC lorsqu’il est associé à celui-ci dans un rapport approprié. L’ajout de THC au CBD peut également renforcer l’efficacité du traitement thérapeutique, c’est ce que l’on appelle l’effet entourage.
Pour les personnes souffrantes de rectocolite hémorragique, ce qui prime, c’est l’amélioration du confort de la personne et de son état général, ce qui passe aussi, en cas d’utilisation de THC, par une surveillance de la tolérance et des effets psychoactifs du THC.
Quel mode d’administration de CBD pour la rectocolite hémorragique ?
Le mode d’administration de CBD le plus courant est la prise d’huile de CBD par voie sublinguale car son action est très rapide et son utilisation sans aucun risque. Les composés actifs du Cannabidiol (CBD) sont directement absorbés par les muqueuses sublinguales, atteignent le système sanguin et interagissent avec le système endocannabinoïde dans un délai de 5 à 20 min, sans être bloqués par le foie, contrairement à une prise orale.
Par voie orale, les effets sont plus longs à se manifester et ils durent plus longtemps, par contre le foie va bloquer une partie du CBD ingéré avant de le transmettre dans le sang. Il existe en revanche des solutions liposomales au CBD dont la biodisponibilité (absorption des principes actifs par le corps) est très élevée, car ne sera pas bloquée par le foie.
Il existe également des suppositoires au CBD, pour une absorption par les muqueuses de manière localisée.
A retenir sur le CBD et RCH
Vous l’aurez compris, on pressent une piste thérapeutique intéressante pour le CBD dans le traitement de la RCH d’après les études précliniques si l’on considère l’action anti-inflammatoire, la modulation de la réponse immunitaire, l’action anti-oxydante et les propriétés analgésiques qui sont autant de réponses biologiques positives, véhiculées par le système endocannabinoïde, qui amélioreraient grandement la qualité de vie d’une personne souffrante de la RCH.
D’autant plus qu’il y a peu d’effets secondaires du CBD sur le long terme, et aucune toxicité, contrairement aux traitements classiques délivrés aujourd’hui. Malgré tout, il est encore trop tôt pour affirmer fermement un intérêt thérapeutique scientifiquement validé du CBD pour la rectocolite hémorragique, de nombreuses phases de tests et d’essais cliniques sont nécessaires ainsi que plus de précisions sur les dosages. Il existe toutefois de nombreux témoignages de patients qui rendent compte de l’efficacité du Cannabidiol dans leur quotidien ne serait-ce que pour gérer les effets indirects de la maladie : nausées, anxiété, stress, dépression. Si vous envisagez d’utiliser du CBD et de l’huile de CBD dans le cadre d’une rectocolite hémorragique, nous vous conseillons de solliciter un avis médical au préalable pour prévenir tout effet ou interaction médicamenteuse indésirable.